« Pépite »: mot employé pour définir un jeune joueur au fort potentiel. Les médias n’ont que ce mot à la bouche. Les joueurs FIFA se les arrachent espérant une carte FUT cheaté à leur effigie, les joueurs FM les chasses à travers les continents, espérant être les premiers à trouver le nouveau Messi.
Plusieurs problèmes émergent. En effet, l’on peut se questionner sur la morale de cela. Une surmédiatisation d’un jeune, parfois à peine arrivé dans l’adolescence, est amené à être entouré de sommes d’argent énormes, de deals faramineux et j’en passe.
Ce qui peut engendrer une montée en puissance de la carrière du joueur, qui devient alors une idole numérique et un dollars sur pâte, ce avant même d’avoir pu démontrer son potentiel sur plusieurs saisons.
Une pression psychologique inouïe en découle, ce qui entraîne pour certain, une descente aux enfers aussi fulgurante que la surmédiatisation qui la précède les plongeant dans un oubli éternel. Un accès VIP pour les ténèbres.
Aujourd’hui chez Base D’, nous allons prendre l’exemple de Kerlon Moura Souza, dit Foquinha.
PRÉSENTATION
Né le 27 janvier 1988 à Ipatinga au Brésil, Kerlon Moura rejoint l’équipe de jeunes de Cruzeiro à la mi-2001. Véritable espoir du club, Kerlon, meneur de jeu de poche, est appelé avec les U17 de la Seleçao, pour participer aux championnat d’Amérique du Sud se déroulant au Vénézuela du 1er au 17 avril 2005.
Aux côtés de joueurs comme Marcelo et Anderson, Kerlon flambe. Il finit meilleur joueur et meilleur buteur de la compet’ avec 8 buts, permettant au Brésil de remporter le tournoi et de se qualifier pour la Coupe du Monde U17 se déroulant au Pérou. Prometteur.
On le surnomme désormais “Foquinha”. Le jeune attaquant invente un dribble : Le dribble de l’otarie. consistant à se lever le ballon, afin de parcourir le terrain en effectuant des jongles avec sa tête.
Le petit Kerlon devient un phénomène Youtube et casse internet.
Il jouit également d’autres surnoms comme : “le nouveau Ronaldinho”, “le nouveau Ronaldo”. Ce genre de surnom, régulièrement employé en France sous la bannière de “nouveau Zidane” et aujourd’hui annonciateur d’une descente aux enfers proche.
Il n’en faudra pas moins aux grands clubs européens pour s’enflammer. Sous la pression médiatique et les rumeurs d’intérêt des grands clubs européens, Cruzeiro lui offre directement un contrat professionnel.
C’est donc le 25 mai 2005 qu’il signe son premier contrat pro avec Cruzeiro. Ce même jour, il est convoqué avec l’équipe une, effectuant ainsi ses débuts professionnels à 17ans. Prometteur.
Le jeune espoir devient également une superstar du jeu vidéo. Véritable pépite, il est un des joueurs les plus côtés dans le jeu aujourd’hui bien connu : Football Manager. Les recruteurs en herbe se l’arrachent, faisant de lui le chef d’orchestre de leur équipe.
Du côté de Cruzeiro, le jeune est pourtant assez bien géré. Le club l’intègre au fur et à mesure dans le onze, le faisant entrer en court de matchs, généralement autour de la 60/70 ème minute. Ne le jettent pas dans la fosse aux lions, préférant une acclimatation progressive au sein du club et du championnat.
Il connaît sa première titularisation le 12 novembre 2006, contre le Fluminense de Thiago Silva et de Marcelo. Match au cours duquel Cruzeiro s’incline 1-0.
Puis vint son premier but !
Le 25 février 2007, contre Ituiutaba, victoire 4-1 de Cruzeiro.
Nous pensions que la machine serait lancée, mais que nenni.
Quelques jours plus tard, le 4 mars 2007, contre l’Atletico Mineiro, Kerlon se blesse.
Verdict: C’est grave. Rupture des ligaments croisés du genou. Absence diagnostiquée à huit mois.
Après un combat de longue haleine contre la pression médiatique, Kerlon allait devoir faire face à un nouvel ennemi : Les blessures.
DÉPART DU BRÉSIL
Kerlon retrouve les terrains le 2 septembre 2007 pour une victoire 5-0 de Cruzeiro face à Palmeiras. Match au cours duquel il entre à la 69e.
Les rumeurs de départ sont de retour, notamment du côté du PSG.
En octobre 2007, il déclare : « Cruzeiro ne poserait pas de problème à me laisser partir. Mon rêve, c’est de jouer au PSG, en France. Mais je n’ai encore aucun contact sérieux avec un club européen. »
C’est lors de l’été 2008 que tout s’enchaîne. 80% des droits de Kerlon sont vendu à Mino Raiola contre 1,3 million d’euros, le petit brésilien signe au Chievo Vérone en Serie A et s’engagera plus tard avec l’Inter de Milan, d’un commun accord avec le club interiste (Foot-Magouille quand tu nous tiens).
La pépite découvre l’Europe le 29 octobre 2008 en faisant son entrée à la 72e contre la Lazio.
La suite ? Trois autres matchs au cours de la saison, un total de 67 minutes et c’est tout.
C’est donc à l’issue de la saison 2008/2009, qu’il s’engage officiellement avec l’Inter de Milan.
Il ne portera pas le célèbre maillot à rayures. Le club italien décide de le prêter et le propose à tout le monde, y compris à de nombreux clubs de notre championnat. L’Olympique de Marseille et le Paris Saint-Germain refusent le joueur, Sochaux semble intéressé mais le joueur prend finalement la direction des Pays-Bas et de l’Ajax d’Amsterdam, souhaitant l’intégrer dans un premier temps au sein de son équipe réserve le Jong Ajax.
Malheureusement le destin frappe encore Kerlon. Le 13 novembre 2009, durant l’entraînement, il se blesse gravement au genou gauche. Il sera absent durant six mois, et ne portera pas une seule fois le maillot de l’Ajax.
Et les malheurs se poursuivent, le 14 Juillet 2010, quelque jours après son retour à l’Inter, il se blesse à nouveau, ce qui entraîne une nouvelle opération chirurgicale.
En janvier 2011, l’Inter le prête à nouveau. Retour au Brésil cette fois, et plus précisément en Série B (seconde division), du côté du Paraná.
Cinq mois et quatre matchs plus tard, le verdict est sans appel. Paulo César Silva dirigeant du club déclare : « Nous avons rencontré Kerlon et nous avons décidé de ne pas poursuivre, en particulier pour les blessures qu’il a subies dans le passé et qui influent sur les performances. ». Le prêt est cassé.
De retour à l’Inter de Milan, sans avoir porté une seule fois le maillot bleu et noir, le club et ses dirigeants mettent fin au contrat du brésilien à un an de son terme. Le rêve européen s’envole définitivement. Kerlon n’a maintenant pour statut que celui d’un espoir déchu.
BALLON ET SAC À DOS
Kerlon fait ses valises et décide de rentrer au Brésil pour relancer sa carrière.
Il s’engage alors avec le Nacional Esporte Clube pour la saison 2011-2012. Il n’y dispute qu’un seul match. Tout semble cuit.
C’est alors que notre petit Kerlon démarre un road-trip et découvre plusieurs continents, plusieurs pays.
Lors de l’été 2012, il prend la direction du Japon, direction le Fujieda MYFC, club de J3 League, la troisième division nationale.
Son expérience est plutôt bonne, puisqu’au cours de sa première saison, et malgré des pépins physiques, il prend part à 8 matchs, délivre 7 passes décisives et marque 3 buts. Pour sa seconde saison, il joue 14 matchs et marque 6 buts. Son élan est stoppé par une énième blessure. Résultat : en janvier 2014 et après 22 matchs et 9 pions, son contrat n’est pas renouvelé, Kerlon quitte le Japon direction le Brésil afin de subir, encore une fois, une opération du genou.
En Mars 2015, Kerlon enfourche à nouveau son sac et prend la direction des États-Unis. Il s’engage avec le Miami Dade FC alors en NAL, la quatrième division Américaine.
Avec son club, il participe à 5 matchs et score 3 fois, emmenant son équipe en demi-finale des play-off.
Une expérience qui s’avère courte puisque le 25 Août 2015, il prend la direction de Malte, et s’engage en faveur du club des Sliema Wanderers FC. Il y reste six mois, après avoir pris part à 9 matchs sous les couleurs du club maltais pour 2 buts inscrits.
En janvier 2016, il retourne une fois de plus au Brésil, et s’engage avec le Villa Nova AC. Expérience qui tourne court, une fois de plus. Il quitte le club après 3 matchs.
Lors de l’été 2016, il prend la direction de la Slovaquie, et signe un contrat d’un an et demi en faveur du Spartak Trnava, club de première division. Mais rien n’y fait. Les démons de Kerlon le hantent, ses genoux sont morts.
Après 4 matchs, résigné, il met un terme à sa carrière professionnelle en octobre 2017.
La carrière du joueur aura été un véritable échec par rapport à ce que beaucoup espéraient. Il aura cependant ravi les joueurs de Football Manager, les médias auront vendus du papier en parlant de la “pépite”, des Youtubers auront récolté pas mal de vues grâce à ses skills et quelques agents auront réussi à se faire du pognon sur son dos.
Le joueur, lui, sera passé à côté de son rêve, et ses problèmes aux genoux le feront sûrement souffrir tout au long de sa vie.
Base D’